Conseil général : Des emprunts... ou un bilan toxique pour le Département et pour la gauche ?

Publié le par PCF Montreuil

arton1592.jpgClaude Bartolone - toujours en verve dès que des élections se profilent - a ressorti ses vieilles rengaines sur la gestion du département par ses prédécesseurs et leurs majorités de rassemblement de la gauche.

Oubliant que ses collègues socialistes avaient - sans exception - soutenu toutes les délibérations relatives aux emprunts départementaux durant les précédentes mandatures, cachant que nombre de villes dirigées par des Maires socialistes (dont plusieurs en Seine-Saint-Denis) avaient recouru aux emprunts structurés, masquant qu’il a - avec le PS - largement contribué à la privatisation des outils publics de financement des collectivités locales, le Président-Député-Secrétaire national s’est ainsi (re)lancé dans une campagne anti-communiste, en ressortant des fonds de tiroirs une campagne sur "les emprunts toxiques".

Bien d’autres cibles, dans l’actualité départementale, nationale et internationale, auraient mérité une telle verve !

  • Alors que la droite multiplie les attaques contre le monde du travail, contre les jeunes, contre les services publics, la protection sociale, et contre les collectivités territoriales,
  • alors que Claude Evin (ex-Ministre socialiste) tente de dépecer l’hôpital public,
  • alors que Dominique Strauss-Khan orchestre des plans d’austérité contre les peuples,
  • alors que les mouvements populaires tunisiens, égyptiens ou libyens bousculent les dictateurs de tous poils, longtemps cajolés par les pouvoirs successifs en France
  • alors que nombre de salariés menacés dans des entreprises de Seine-Saint-Denis attendent encore un simple témoignage de soutien du Conseil général,

Claude Bartolone a choisi son adversaire du moment : le PCF et le Front de Gauche, coupables, selon lui, de "naïveté" dans leur gestion ! (lire à ce sujet la note de Pierre Ivorra, qui rétablit quelques vérités sur la gestion de la dette en Seine-Saint-Denis... et ailleurs !)

La droite ne manque déjà pas de se frotter les mains devant cette opération de division de la gauche, processus déjà engagé avec l’accord électoraliste PS-Europe Ecologie par ailleurs très contesté dans les cantons.

Il faut dire que l’action de Claude Bartolone à la tête du Conseil général depuis 3 ans - après, rappelons-le, une expérience comme ministre de la Ville dont nos quartiers n’auront guère profité - aura provoqué nombre de déceptions et que celles-ci pourraient bien s’exprimer les 20 et 27 mars prochain dans les urnes de la part d’un électorat de gauche en attente de vraies réponses à leurs besoins.

De l’assèchement des crédits consacrés aux collèges (ramené à 12 M€ en 2010, soit le niveau le plus bas jamais connu en Seine-Saint-Denis) à la suppression des aides au financement de la carte Imagin’R ou à l’acquisition d’ordinateurs pour les élèves entrant en 6ème, de l’explosion du tarif de la Carte Améthyste (passée de 15 à 40 €) à la quasi liquidation des crédits dédiés à l’écologie urbaine (en baisse de plus de 70 %), de l’incapacité à porter une parole forte parce que partagée dans le débat sur le réseau de transport du Grand Paris à une gestion très contestée du service public départemental, la liste est trop longue des décisions prises par la présidence du Conseil général contre l’intérêt des habitants de Seine-Saint-Denis.

Enseignants et parents d’élèves, jeunes, acteurs de la culture, travailleurs sociaux privés de moyens, retraités, salariés en lutte, agents du service public...ils sont nombreux ceux qui attendent de leur Conseil général qu’il redevienne un acteur fédérateur et innovant dans son action.

L’augmentation de 15 % des impôts départementaux et le recours aux très onéreux partenariats public-privé pour la réalisation des futurs collèges achèveront de convaincre les oreilles trop sensibles aux discours sur "la modernité" d’une gestion qui a mis le pied sur le frein dans le déploiement des politiques publiques parce que trop inspirée par les modèles libéraux.

La vérité, c’est que la Seine-Saint-Denis a surtout besoin de politiques bien ancrées à gauche. Plutôt que d’intrusion du privé dans la gestion de nos collèges, plutôt que de changements de logos (très coûteux), d’opérations médiatiques sans lendemains avec les "amis" de TF1 et de la BNP, plutôt que de discours stériles sur "l’entrée dans le 21ème siècle" qui se concrétisent pour de nombreuses familles par de sérieux reculs, les habitants de ce département ont besoin d’élus qui ne cèdent pas un pouce aux politiques de la droite, d’élus qui travaillent avec et pour la population qui vit, travaille et étudie en Seine-Saint-Denis.

Ce département a besoin d’une majorité de gauche déterminée à inventer autre chose que les recettes concoctées dans les couloirs du FMI ou de l’Union européenne, dans le consensus entre le PS et la droite. Ce département a besoin de construire des voies audacieuses, dans le dialogue avec tous !

A défaut d’assumer un bilan bien décevant pour l’électorat de gauche, avec des actes très en retrait par rapport aux multiples promesses d’hier (nous y reviendrons tant les citoyens veulent en finir avec les engagements non tenus !), Claude Bartolone tente - à quelques semaines d’un scrutin très indécis pour l’évolution du rapport des forces au sein de la gauche départementale - de détourner les aspirations populaires à une nouvelle majorité de gauche à la tête du Conseil général.

Les communistes et les forces du front de Gauche poursuivront quant à eux le dialogue avec la population pour construire les choix qui devront être ceux de la gauche au Conseil général après les élections cantonales. Une voie certes plus complexe que les petites manoeuvres électorales mais plus utile à la Seine-Saint-Denis et à ses habitants !


Publié dans éléctions

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
<br /> Appel à la création d’une commission d’enquête sur les emprunts toxiques<br /> <br /> Déclaration de Jacques Cheminade<br /> <br /> Hôpital d’Ajaccio, Société des HLM de Toulouse, ville de Saint-Étienne, communauté urbaine de Lille, incinérateur des déchets urbains de Saint-Germain-en-Laye (Sidru), commune de Ploeren (56),<br /> ville de Rouen, département de la Seine-Saint-Denis, ville de Saint-Maur-les-fossés, pompiers de l’Ain, logement social (SACVL) à Lyon, etc., pas un jour ne passe sans apporter de nouvelles<br /> révélations.<br /> <br /> Il s’agit d’ « emprunts toxiques » vendus, pas seulement par des banques d’affaires étrangères telles que la Royal Bank of Scotland (RBS) ou la Deutsche Bank, mais par des banques usurpant la bonne<br /> réputation de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), telles que Dexia Crédit Local (dont la CDC possède 17,6%) et Natixis, assignées devant les tribunaux par un nombre croissant d’élus de<br /> collectivités locales acculées à des réductions budgétaires dramatiques, voire à la faillite.<br /> <br /> Entre 2000 et 2008, nos banquiers affirmaient dans leur autosuffisance que, grâce à leur excellente gestion, la France était à l’abri d’une crise du type des subprimes américains, élément<br /> déclencheur de la pire crise de solvabilité bancaire mondiale depuis la Grande dépression. Cependant depuis, comme le montre un article du Monde du 17 décembre 2010, pas moins de 18 régions sur 22<br /> ont souscrit à des emprunts toxiques, 62 départements sur 100, ainsi que des milliers de communes et de syndicats intercommunaux, 373 établissements de santé, dont 290 hôpitaux, 107 organismes<br /> d’HLM et 42 sociétés d’aménagement… D’après l’agence de notation Fitch leur volume n’est pas de 10 milliards, comme le prétend le gouvernement en se basant sur les chiffres de Dexia, mais de 30 à<br /> 35 milliards d’euros, près d’un quart du total des emprunts.<br /> <br /> Ces « emprunts toxiques » ne sont que le reflet de tout un « système toxique » que nous proposons de bannir au plus vite avec un « Glass Steagall global », véritable banqueroute ordonnée séparant<br /> les prêts spéculatifs de ceux alimentant l’économie physique réelle.<br /> <br /> Pour mettre en œuvre ce système nouveau dans lequel les joueurs perdants ne seront jamais renfloués et les établissements financiers redeviendront des instruments au service de l’économie, nous<br /> proposons cinq mesures formant un tout cohérent :<br /> <br /> 1. Création d’une vraie Commission d’enquête sur la crise financière disposant d’une indépendance suffisante et de pouvoirs d’instruction et de réquisition.<br /> 2. Interdiction de la titrisation de la dette, mesure que suggère implicitement la Commission Angelides aux Etats-Unis. Etre honnête, c’est reconnaître qu’une dette n’est pas un actif comme un<br /> autre.<br /> 3. Moratoire sur les intérêts usuraires, remboursement du principal des emprunts toxiques des collectivités.<br /> 4. Application des critères Glass-Steagall pour le démantèlement de Natixis et Dexia, séparant rigoureusement les activités de dépôts des activités de banque d’affaires (courtage, trading, etc.)<br /> regroupées désormais dans une entité juridiquement séparée. Le Crédit Local doit retourner dans le giron de la CDC et de l’Etat français, le Crédit Communal dans celui de l’Etat belge afin de<br /> sécuriser le financement des collectivités locales.<br /> 5. La CDC reprendra sa mission d’origine. Par conséquent elle renoncera à toute activité spéculative. Si l’exécutif peut nommer le président de la CDC, le président de sa Commission de surveillance<br /> pourrait être désigné par un vote des deux tiers des membres du Parlement.<br /> <br /> <br />
Répondre